SUR L’ACROPOLE
La muette et triste lune, calme, grave et solennelle,
Surveille la solitude de son empire éthéré
Et, par-delà les eaux claires, cette vallée dans laquelle
Le fier Parthénon sommeille sur l’Acropole ébréchée.
Toute la souffrance humaine s’était emparé de moi
A la vue de cette unique – je le crois – en univers,
Protestation du monde contre le temps qui s’en va,
Monument dont le nom sonne comme un véritable vers.
Tout périt dans notre monde comme un humble grain de feu
Ecrasé entre les pierres du moulin du temps avide:
La main qui T’as fait, les fêtes panathénées et les jeux;
Tout périt ou se transforme lorsque tu es impavide.
Comme en tout et comme en toutes, éphémère est ta substance,
Mais presque rien ne le montre dans ta forme magnifique,
Poésie inégalable de l’Humanité qui pense,
Immortalisée en marbre blanc et beau de Penthélique.
Et quand le rayon de lune claire coule sur ton front
Pour toucher l’incomparable calme immense de Levant,
D’un bout de temps jusqu’à l’autre la poésie fait un pont
Sur lequel le passé glisse doucement dans le présent.
Aide-moi, bonne Minerve, que je trouve maintenant,
Parmi tant de beaux mirages trompeurs sans que je m’égare,
Le chemin de Salamine, le navire qui attend
De m’emporter en Eleusis, en Corinthe et en Mégare.
Laisse-moi que je t’embrasse, monde de parfum tout plein
En venant du temps classique toujours cher et toujours sage;
Je veux cueillir à ma guise les roses de mes chemins
Et m’enivrer de la langue douce de l’Aréopage.
Je désire encore connaître votre amour, dieu tutélaire
Qui fait naître les poèmes, les souffrances, les espoirs –
Ainsi le conçoit Sophocle – il peut déclencher les guerres
Et loger dans les joures roses comme aux ondes des miroirs.
Mais la lune dans le calme de la mer va se coucher...
Le pont tombe... L’âge d’or va tout s’affaisser par terre.
Périclès, Minerve part... et sans elle, tu le sais,
Le Parthénon n’est rien d’autre qu’une pierre funéraire!
(Traduceri de Ion ROSIORU)