POEME ROMÂNESTI ÎN LIMBI STRAINE
Cassian Maria SPIRIDON
Tout de même
Je n'existe pour personne
en général / je n'existe pas
tout ce qu'il y a dans le monde
il y a / tout simplement
si mon âme entièrement périt
pourquoi sera-t-il coupable le mot / mourir
rien ne fait trop mal
que le ravage d'être
une vie toujours sans file
de toute manière
de ces faiblesses humains
rien n'a pas été oublié
brûle ma chair prise
dans le malaxeur / entre les mâchoires
impassibles de ces jours / ces nuits
n'importe comment
sera-t-elle ton âme frappée
par tous les solitaires
les reniés du sort
/ par ceux vidés de sens et de l'amour
sera-t-elle l'herbe foulée chaque jour /
l'enclos immaculé du cœur
te ramasser dans les débris / encore flambés
quelle éternelle / vaine épreuve
tout de même …
Après le déluge
On ne sait pas si le matin nous nous levons
on ne sait pas si / et quoi nous mangeons à midi
on ne sait pas quand la bien-aimée nous va quitter
on ne sais pas
quand les horloges vont s'arrêter
on ne sait pas si le navire a été assez grand
et quand la colombe va arriver
généralement
on ne sais rien
ou tout de même / rien sûrement
et ni
combien les jugements seront équitables
là-haut / dans le ciel
(cf. Piatra de încercare , Ed. J unimea, 1995)
*** ( où allez-vous les vagues)
où allez-vous les vagues
si nombreuses et si seules
filées l'une après l'autre
terribles et douces
infatigables
qui vous attend là
à l'horizon
si vous n'êtes pas tranquilles
quelle voix / de profondeur
repète le vacarme
vous instigue vers le rivage
qui / pourquoi vous attend
ah! vous les vagues / infatigables
personne ne vous a dit / qu'à la rive
de votre âme / ne resteront sur place
que quelques gouttes / d'écume
avalées avidement / par le sable et la lumière
« L' homme a besoin de peu de choses et pas pour longtemps »
encore après ma mort
ces cheveux s'alongeront
encore beaucoup de temps
/ après que mon corps
ne sera plus parmi les vivants
la table et la chaise / tous les livres
/ feuillettés par les mains /
serons aussi présentes
même si je suis depuis longtemps
disparu
la petite assiette / la tasse de café
après un si longue service
trouveront un autre maître
ou seront avalés / par l'oubli
les pipes quelconques /
par qui je promenais la fumée / illusoire
resteront sages / dans le râtelier
comme les armes mis à la porte
sans / à jamais / l'espérance des luttes prochaines
il ecrit des vers
rangés inégal sur une feuille
(c'est vrai / c'est peu /
pour la vie / ses faits)
un poète triste dans un pays triste
qui peut être plus triste
je vous demande?
dans les poèmes crus
dans les astrals regards détachés
ici vous trouverez
(tout ce que le critique avait mis en silence)
comme sa tête sur la bûche se repose
et quelle âme large dans
sa poitrine demeure
oui! que peut / ou peut pas faire / un poète
avec une armée de paroles
étrange / ostile / trop
libertine
et paresseuse / perdue dans l'incurie
Du vol. Clipa zboar a c'un zâmbet ironic
L'instant vole avec un sourire ironique , Ed. Dionysos , 2000.
En fran çais : Coca SOROCEANU