QUELLES CHOSES
Quelles choses importantes dit ce poète-là
– Nous hachons des oeillets pour la salade
Il est bien d’être à côté de l’histoire
de voir le visage des Majestés
quelles choses importantes dit ce poète-là
– on s’ébranle dans la barque de mousse
sur le lac de café
la mer s’évanouit seulement dans la vue
CEUX QUI VONT À LA MER
Au poète Marian Ruscu
Ceux qui vont à la mer
rencontrent ceux qui en voiture
vont à la montagne
ceux qui vont à la mer sont
blancs ostensiblement et mangent
des centaines de crevettes au kilo
Ils arriveront et baiseront le sable
ils arriveront et baiseront l’eau
et ils oublieront d’avoir passé à côté
de ceux qui vont à la montagne poussés dans
la clairière
pareils à l’Aphrodite dans l’écume de la mer
LE SILENCE D’ENTRE LES COULEURS
si le rouge crie,
si le bleu se tait,
griffonne un silence
entre elles,
une maison bleue délabrée,
un montée de la mer,
un papillon dératisé,
un bête d’encre,
un bâillon de jaune
MOT FUSILLÉ DANS LA NUQUE
jusqu’à la fin il n’a voulu dire rien
ce mot emprisonné pour les beaux yeux
de la guerre
ainsi que les enemis l’ont fusillé
dans la nuque
ils détestaient le langage, ils haïssaient
le sens
du mot aveugle auquel ils n’ont pas
couvert les yeux
pour le fusiller dans la nuque.
CONCOURS
A Letitzia
si je te demandais pour mille lei faux
ce que c’est la vie
tu me montrerais un bras cyclamen
si je te demandais (pour une moto à vapeur)
ce que c’est le temps
tu peindrais les vitres avec le cil
si je te demandais pour un pressoir
d’oeil
ce que c’est le mot
tu m’apporterais une tasse d’ongles
LA ROUE FUNÉRAIRE
je voudrais que vous me montiez une roue
au chevet de la colline
où vous allez m’enterrer
une roue pour voir avec des boutons
de nacre qui trouent l’éclat
de l’étoile
une roue pour la course d’arbre
en arbre
nommée saison
LA DERNIÈRE ANNONCIATION
et si l’avenir est une vitre enfumée
par les résidus du soleil à midi
et si tout ce que nous vivons
est un hachis de rayon
et si tout ce qu’a été est une alarme
de la beauté en explosion
que je ramasse les éclats, que je polisse
le vase
en l’honneur des fleurs
de je ne sais pas
UN LEVER DE SOLEIL EN OCCIDENT
obsessions d’un instant
tant de regret – les magasins verts
formés pour la réorganisation
de la petite localité montagneuse
les doigts du regard battent la mesure sur la vitre
l’odeur des ongles griffe la dorure,
l’ouïe arrache des grelots bouchés
des magasins verts
voilà Arthur avec une chope
en remplissant les vitrines en papier d’étain
à minuit passé
Traduceri de Ion ROSIORU
Home