"GMUCH LIKE HAIKU
The shadow of leaves green
the second presses
Leaving it run away
>From under the plane-tree
If time had leaves
What an autumn!
>From the mood of words I grew cold
As if snow fell down on their meanings
It's so easy to be alone, O, Lord,
And so hard to burn at sight of nature
The eagles are flying trees,
The roots are their claws
What an autumn, O, Lord,
Aloft is coming into being
people hanged from a tree in blossom I've never seen
Ah, you, a whore of grass
Trees with no leaves
Eagles with no flight.
Even, the white of the eye
On the black iris of the earth
Looking with the trees
out of autumn
Ah, you, even…
The smell of the linden-tree
The ankles of a deity running
among the boughs of a linden-tree.
Like the bang of two words
Alien to each other
Springs out of me
Your images sparkling
From the infinite one draws off blood again
The bright cells-the stars,
Dazzle me with a gentle pain
The snow flakes, what a frozen light
And what a cold of words the sight of a new winter….
Do catch the north wind and tie it in a knot round my
neck
As flesh is tied in a knot round the skeleton,
O, you, word, ever thought of
To be you alone my own spectrum!
On my speaking tongue there stood still
My word immortal for ever
Never have I told you, I think,
That I need not wings to fly
Never have I told you that, I think.
O, homeland,
You,
arrow
I shoot with
at the heart
of he infinite
NEW FIELD
It's still as it was in the beginning. Among the
clouds
The stars I count, no matter how many they are
The heartbeat breaks against the ground
And comes again turned into sound
That's why here the sun vibrating rises:
Its north wind my hair flutters and stirs the dances
And in a tide-like motion in turn the fields
As if some chains its boundaries cast
Yes, and they're cast as if some smoke
As if the bars of a lock-up
And then into storks they turn
And take a way with no return.
Seascape
The palm with shells, o, do make it sound
that the stones and salt may fall asleep,
As on the very even when turned into pillars
We twisted under the dome of the sea.
Above us the dolphins with their tails beat
The prow of the moon green
Split the wood of sadness
And you thought you could miss it, hold it
And the crabs of the hands wide apart
Blankets of seaweeds unfolded,
Old, wavy and greenish
Mates to the sleep of the temples.
O, do make your palms sound in my ear
Make the skies of waters sheen above,
by the fish tails quick as lightning crossed
Along the skyline of a vestal sun.
Traduceri de Olimpia Iacob
Song (Parting from an age)
All things should have been spherical,
but they weren’t, they were not so.
All things should have been linear,
but they weren’t, they were not so.
And you should have been a circle slender,
but you weren’t, you were not so.
And I should have been a rhombus slender,
But I wasn’t, I was not so.
You grass, you rocks, you trees, you birds,
you’re something altogether different.
I look at, I hear, I smell me
And it’s all like in a dream.
All things should have been spherical,
but they weren’t, they were not so.
All things should have been linear,
but they weren’t, they were not so.
Autumnal emotion
It is autumn again, so cover my heart, please do,
with the shade of a tree or rather the shadow cast by you.
I fear that I won’t see you again, quite oft,
that I’ll be growing pointed wings to the clouds aloft,
that in a stranger’s eye you’ll furtively alight
and that like a wormwood leaf it will shut tight.
And then I go near the rock and mute,
take the words and drown them in the brine,
whistle for the moon to rise and to transmute
into a love sublime.
Marine morning
A reddish streak had loomed on the horizon
and on purpose the startled poplars, amazed,
with their melodious shadows risin’
while I was still sleeping, my shoulders grazed.
I was rising, as if from the sea I outed,
by shaking the hair from my forehead, fantasies,
the eyebrows with salty crystals coated,
the abysses.
I will be an unusually lengthy morning,
an unsual sun climbing the sky on hold
deep down, the light the waters will be goring:
from our eyes it will come back a thousandfold!
Ia was rising, shaking gently wave cadences,
the waters were retreating silent, jealously minding.
The poplars were grazing my shoulders, my temples,
with their melodious shadows rising.
Sentimental story
Thereafter we dated more and more oft.
I was standing at one end of the hour
you – at the other,
like two handles of an amphora.
Only the words were flying between us both,
back and forth.
Their whirl could just about be descried,
and of a sudden,
I fell on one knee,
and the elbow I stuck into the ground,
only in order to see the grass trodden
by a fallen word’s very sound
like under the paw of a lion’s bound.
The words were circling, circling between us both,
back and forth,
and the more I loved you, the more plain
they were repeating in a whirl almost seen
the structure of the matter, over again.
Traduceri de Mike FRÖLICH
la respiration de l’air cumulé sous cette aile
Non, c’est insensé
pour l’aigle douteux
de toute roue privé
loger aux cieux.
Et ce gros griffon
qui aime voler,
de l’inspiration
je l’abattrai.
En gonflant mes joues,
je suce et pelle
tout l’air fort et flou
de sous ces ailes.
Je le laisse tomber
telle une comète,
sa queue s’affaler
sur ma houppette.
Qu’il me soit diadème
et crinoline.
Ah toi, tache bien blême,
ô, crasse badine.
une confession
Je ne saurais point chanter un hymne au silence
après lequel j’ai langui et dont j’ai tellement faim.
Aucune maison où j’ai habité
ne m’a pas trop gardé à son intérieur.
J’aimerais pouvoir demeurer
à l’intérieur même de mes paroles
mais mon corps pend lourdement et dépasse par leurs portes
du côté du règne animal.
Je donnerais volontiers aux chiens ce qui appartient aux chiens
et aux faux platanes ce qui est aux faux platanes
mais le hurlement des chiens est pour moi quelque chose d’interdit
et l’odeur des faux platanes, prohibée.
Il me faudra aménager plus haut
il me faudra jeter tout le leste –
mais la seule pensée que tout ce qui est là-haut
est tout pareil à tout ce qui est ici-bas –
soulève chez moi un trouble qui me fait découvrir
que toute projection est privée de direction,
que tout renoncement n’est autre que statique.
ce piétinement
C’eût été dommage et une honte que de voler
c’eût été une trahison
de devenir tout à coup léger.
Tout le poids de la terre
lequel s’incarne pour moi en son amour
le changer en une pensée, en une haute tour.
L’amour éprouvé pour ce globe immense et monstrueux
par la mort
si je ne m’étais dénombré en trois et en deux,
je l’ en eusse privé comme la bête du pré cellulaire
et comme la clarté
démunie de l’œil voué à la prière.
Je suis encore parce qu’il m’est moi-même.
Peut-elle être longue et sanglante cette histoire – poème…
le changement
Tout à coup, j’ai ressenti renaître en moi une parole
et je tressaillais les lèvres collées à ce vrai voile,
les beaux yeux que devait avoir l’ouïe elle-même
quand, près de l’oreille, nous entendîmes une étoile.
Nanti d’une aile oblongue, prolongée et fort tranchante,
d’un seul coup, l’ange a vite fait de nous étaler, nous deux
et, de la sorte, poignardés par la même douleur,
dans l’air de la nouvelle parole, on flottait en gueux.
Malgré notre poids, il déployait ses ailes,
il semblait éthérée.
Quant à nous, on saignait presque sur le tranchant
de toute parole de cette Majesté.
Où nous emmènes-tu, dans quel entendement,
dans quel grandiose alpha et oméga,
dans quelle suprême, mais indistincte parole
d’où s’absenteraient toi et moi ;
où nous savons que tout ce qui est, n’est pas
et ce qu’on ignore, apparaît comme étant ?…
(ou: et ce que l’on ignore, a tout l’air d’être)
la chute du ciel
A présent, comme de bien douces pierres,
on se laisse charrier par l’eau dans sa course,
à l’instar d’un bleu ciel de personne
qui reste affalé dans les yeux d’ours.
Comme le fardeau réside dans le ciel
de l’é – p – a – u – l - e rompue et opprimée
tout comme l’empereur, le grand froid et le gel
dérivent d’Un hasardé.
La nuit qui va venir me serre et me blesse.
Pas même mort, je ne tiendrai dans un tombeau,
c’est le ciel qui me tombe dessus, fond sur moi,
me sépare d’avec le monde et là-haut.
Ouf, après la chute de tout ce qui est,
on fera de moi le clair anneau
de tout ce qui est et être le pourrait –
peut-être n’est pas possible d’être possible.
mon Démon s’adresse à moi
Le fléau du feu approche, me dit-il, prend garde au feu
et verras de tes propres yeux les pierres en état de fusion
et les chamois qui hantent les rochers, en train de se noyer
dans le fondu de la roche.
La nuit, ne manque pas de la voir
sucée par le fleuve, et puis celui-ci
sucé par les rivières, et celles-ci
sucées par les sources, et puis celles-ci mêmes
absorbées par la soif d’un être en train de courir.
Tu vas voir, toi, me dit mon Démon à moi,
tu vas voir
les poissons en train de sécher
et les baleines en train de s’altérer,
les méduses en train de s’évaporer.
C’est moi qui te le dis, le feu vient, tu m’entends ?
– Je t’entends bien, mais que faire moi
mais si, je t’entends, qu’est-ce que je peux faire moi,
qu’est-ce que je peux faire moi ?
– Métamorphose-toi en verbe, me dit le Démon,
au plus vite, autant que faire se peut.
Transfigure ton œil en verbe,
ton nez et ta bouche,
l’organe mâle servant la reproduction,
les plantes de pied servant la course,
les cheveux qui ont commencé à blanchir,
la trop souvent recourbée échine dorsale.
- J’ai bien dit au Démon: tu ne sais pas que
la parole brûle
le verbe est prêt à pourrir
et le Verbe ne s’incarne pas, mais se désincarne.
Tu le sais bien, j’ai mis un sentiment sur le bronze
et il s’est mis à bouillir à cause du soleil.
J’ai donné un nom à un enfant
et le nom s’est brisé contre le temps et les moineaux.
– Je le sais, me dit le Démon,
mais n’en change pas moins en verbe, comme je te dis.
chanson
Le corps pensé s’était enlaidi
les paroles étaient prononcées dans une langue moult ancienne
et tellement barbare
vivre était devenu j’avais vécu, –
quelque chose en moi s’était pris à mourir.
Je fus traversé par la tache d’une ombre :
elle provenait simplement d’un aigle en vol
qui séparait à merveille
l’endroit où j’avais vu le jour
d’avec l’endroit où je mourrai.
Qui t’aura pleuré toi, Soleil, de son propre œil
en vraie larme bouillonnante ?
Mozart et le chien espagnol
Mordaror, vis mon rayon si pur,
mes os noircis, ma chair rendue violette
sois mon aile de poussière et l’augure –
prémonition secrète.
Lorsqu’on ameutera contre moi des carnassiers
qui ont l’air exsangue et comme d’écorchés en vie,
ô, Mordaror, sauf votre respect, s’il vous plaît,
je veux être leur proie, ne m’expédie
dans le pur sommeil d’une idée
mon lointain bientôt, sans tarder.
Traduceri de Constantin FROSIN