Zaharia STANCU



 
 
 


Chanson d’amour inestinguible

Qui saurait encor de mon coeur
Pourchasser, effacer ton image?
D’un bout du monde jusqu’à l’autre
Voyagent des flammes bien hautes, voyagent.

Tu es si loin, peut-être dans
L’éternité des neiges stellaires.
Les trompettes des frais horizons
Retentissent déjà, printanières.

Comment te chercher, ombre et fumée?
Vers le soir et à l’aube sont rouges
            les lacs et les rivières.
Ouvertes, les bouches des morts
Baisent aux fleurs jaunes l’éther.

Dans la cité de pierre tu m’attends,
Ou, peut-être, aux vergers bourgeonnés,
            n’est-ce pas?
La terre nous veut sous les herbes
Et le ciel au brouillard des peupliers droits.

Tombent des étoiles au-dessus de la ville
Et puis plus loin au-dessus des forêts.
Moi-même, seul, je tends le cou
Sous la lune pareille à la hache affilée


A MI-VOIX

Jadis j’ai assomé un moineau.
J’ai tiré avec la fronde et je l’ai frappé.
Puis, durant un jour et une nuit entière,
Je l’ai pleuré, esclaves des regrets.

Maman ne m’a puni de nulle sorte.
Une tranche de pain je tenais dans mes mains;
“Ce que tu as tué c’est tué à jamais,
M-a-t-elle dit, et les pleurs sont en vain”.

Plus tard j’ai grandi, j’étais gars...
Et d’une fille à la folie je suis tombé
Amoureaux, mais elle un jour est morte
Et, le lendemain, a été enterrée.

De longue main je ne tue plus de moineaux
Et j’évite tout cortège funéraire -
Le soleil se couche au-délà des collines
Et se lève, bien vif, de la mer.

Je ne plus visé ni moineaux, ni cigognes,
Ni biches je n’ai jamais fusillées:
C’est pourquoi, peut-être, ma chanson
Touhours jeune, toujours fraîche est restée.

Cette chanson est chantée à mi-voix,
Toutes mes chansons sont ainsi murmurées
Soit dans le tuyau de tes oreilles,
Soit dans celui du monde loué.


PAPILLONS

Sur un chardon tu pris deux papillons.
Libère-les, qu’ils volent dans les prés.
Tout doucement et n’oublie pas qu’ils sont
Grains de soleil couverts de fin duvet.

Sais-tu? Tu es pareille à eux por moi.
Tu as des ailes blanches, tu es frêle
Et tu éclaires, dans ma nuit, la voie
Et tous mes songes vers toi étincellent.




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