POEME ROMÂNESTI ÎN LIMBI STRAINE
Vasile PROCA
Cette journée este plus longue que le géant animal se rampant
la peau sentant la lumière: je me l'imaginais
grisonnante cherches-tu quelque chose dans la lumière?
il faut dire des mots même ébréchés sur
les chemins qui mènent vers les péchés de la chair lorsque
la nuit sent la nuit la femme longtemps
rêvée: tu visionnes mes rêves tandis que je chasse
ton corps hissé comme cerf-volant au-dessus de toutes
les créatures de cette terre
dansaient autour de moi les ombres de ceux qui sont partis
pour cueillir des éclaires: je ne veux pas de corps
d'éclairs je prends mon sommeil et je le jette dans la fontaine
et la fontaine sent l'eau dont on boit pour la huitième fois
Et c'est comme ça qu'on revient un peu à la réalité: afin de
prendre le cercueil sur le glacier qui flotte
par nos veines emporté par le vent sentant
le vent: on inaugure encore une vie on boit de la vodka
on laisse des traces dans les chansons on dépasse la ligne
de l'horizon on rit avec amertume on cueillit des voix
et on joue à l'accouchement du bébé saint dans cette journée
plus longue que le géant animal
Tu es le brigand qui a ouvert le paradis
un jour sans nom:
te pense la femme-terre
et la terre est insensée de grillons
un jour aveugle
tu regardes lorsque tu ne regardes pas la femme de l'eau
lever timidement les jours de l'homme
c'est le temps du lit c'est le temps du lit
ô la femme de souvenir en nageant
par son sang la nuit comme fait dormir ses heures
en les ramassant
un jour sans nom
Tombent les nuits l'une après l'autre tombent terriblement
sur moi: les nuits ma bien-aimée me hantent lorsque tu lie
aux cartes l'homme de vert: tu l'entends jurer qu'il perce
la Nuit de cette écaille-là afin de t'offrir le perle
de l'amour
tombent les nuits: dans la langue des nuits je lui parle Seigneur
tombent les nuits: avec les yeux et la bouche je bois bleu ses seins
chaque jour tout plein d'elle je m'entends demander:
seule cette femme pourrait être un aujourd'hui et un demain?
Les nuits les nuits les nuits en courant à travers nous
prends plutôt la forme de l'indifférence et ne reviens plus
là où tu as vu ton coeur brûler aux grands feux
la tristesse m'ordonne: et j'appele la tristesse
sur son nom
et pardonne-moi Seigneur de m'avoir vu
tomber dans cette femme
et pardonne-moi de me voir chaque fois
aux portails des monastères en attendant à ce que tu reviennes
avec ma mariée par des paradis en marchant
Dans l'air respiré je prie:
je vais appeler ton corps femme: herbe sanctifiée
est ma caresse
et ton corps dit: que tu me boives le soir et ressuscites
ta foudre mon homme à moi
Dans le baiser dernier je prie:
je vais m'étendre sur ton corps tremblant: reçois
que j'ouvre son secret: moi rayon toi éthère
et ton corps dit: je vais te fermer joyeusement dans
le silence de ma chair mon homme à moi et foudre à la fois
dans l'accouplement je prie:
comme ça pour la vibration des corps comme deux
clavecins lorsque tombe le soir disaient: au loin au loin
on entend le son homme se cogner contre la Mort
Sauve-toi avec encore une douleur
homme qui marches sur les traces de la peine
un silence: dans le cerveau de la nuit dernière
avec difficulté paralaient
l'eau la forêt et le troupeau de fauves:
sept étaient les épreuves et les chasses toutes sept
un autre silence: de nouveau la balle se rêvait blessure:
le sand était la croix portée d'un éclat
sept étaient les jours et tous étaient fêtes
Elle t'aime vraiment dit le bacillaire
en comptant les sangliers du champ de mas
Je t'ai vue aujourd'hui courir nue
parmi mes morts alignées pareilles aux falots
dans la rue principale
avec des nuits je t'embrasse tu me pardonne avec des matins
je laisse le sang siffler jusqu'à ce qu'il réveille l'air
vert du triangle des grues cendrées:
septentrion échevelé j'ai rêvé de toi ma chérie
même aujourd'hui je t'ai vue courir nue
parmi mes morts alignées pareilles aux mendiants
dans la rue principale
moi, celui qui a perdu la tête: je montre ces mots parus
sur mon corps pareil à un poème
d'une érotique céleste je demande qu'ils soient lus
par la bouche de la femme
où je vais mourir
C'est le Grand Jour où viennen les serpents:
comme les mendigots ils se traînent jusqu' à ce qu'ils inondent l'église
en touchant légèrement les icônes et les pèlerins
qui prient tenant des vases de glaise dans leurs mains:
Grand Seigneur Fort Seigneur donne-moi de l'incantation du serpent
mets-toi quelque chose en tête
et mets ton silence comme couche pour tous les corps
devenus forêt d'os sous le pouvoir du frémissement
du sang effrayé
ô le fouet des serpents phosphorescents en peignant des vitraux:
et lundi et mardi et mercredi et jeudi et vendredi et samedi
et le dimanche on entend prier également les saints des icônes:
donne leur de l'incantation de chez le serpent et mène-les vivants
plus loin
c'est ici sur les lieux le jour quand autour de la fontaine
du milieu de l'église on attend aux vases de glaise dans les mains
et les serpents à voix humaine crient:
donne-leur de l'eau Ghérassime donne-leur de l'eau Ghérassime
et la fontaine se remplit de l'eau potable
je mourrai le jour où les cheveux de la bien-aimée nid
de serpents seront et la révolte du corps désiré
me serrera comme des tenailles
Un signe seulement par toi connu ferme ce vers
une main serre ses doigts pour faire le signe de la croix
et ferme
dans le poing l'air vivant qui se débat comme un petit
de moineau qui a picoré La Mort et qui s'est transformé
dans l'oiseau de la Mort
oiseau: à ta bouche il y a la langue du temps et
réjouis-toi de pouvoir parler à la mort
c'est pareillement que la langue des cloches oignent
avec des saintes huiles le front
des passants
oiseau: on a dans le corps les ailes de corbeau du désert
et réjouis-toi que chaque jour il a nourri avec des morceaux
de pain l'homme saint
une main serre ses doigts comme un signe seulement par toi
connu et termine maintenant le poème
(poème en quatre parts)
MOTTO:
approche tes seins de mon visage je suis en agonie et je me
tais avec langue de mort
Gellu Naum
I
Qui te laisse non atteint comme la neige immaculée
maintenant qu'en toi grandit provocante la Mort
demande l'année sans hiver
il y a encore un immense janvier
et de son coeur qui guette dans les gens
qui vole
d'où les yeux vides augment la torture blanche
et qui dans sa bouche ramassent les hurlements de la nuit
et ne craint pas
Du tableau s'en va le rêve peint par les insomnies
Lorsqu'il sent sa nudité embrassée par la mort
II
Durant l'année sans printemps surveillée de foudres
Avril a oublié de venir:
et le regard lui rumine ses levers de soleil
et la nuit le remplit avec les maladies de l'imagination
et la cendre où brûle la déesse de glaise dit comme ça:
dehors il y a
un enfant géant
caché dans une goutte
de rosée et fait des charmes:
sors de ton corps et épie un dieu
sors de ton oeil coin de ciel
sors de la larme nom d'homme
et avec lui noie la terre avec des illusions
et regarde par une prière avec un regard obscène
d'asphalte surchauffé lorsqu'il pleut d'une façon étonnée:
se secoueront les serpents de la Mort
qui a fleuri
III
Durant l'année sans été ma vie de jasmin
de deux nuits et deux seins bâtit une prison
pour toi fou roi soleil:
viens et pour la septième fois sors-moi de la foudre
et jette-moi sur des herbes étourdies
et jette-moi sur des herbes guéries
afin que je me réveille nommé eau
par ma bien-aimée montée dans le ciel de foin affammée d'accouplement:
que nous respirions un rituel païen
dans les secrets de la nuit bouillis petit à petit
le corps en désordre d'étoiles et d'amen:
aux yeux nous avons deux nuages qui nous confondent avec deux
chandelles par lesquelles nous entrerons dans un autre lundi
emportés par des oiseaux migrateurs venus estiver
dans l'infinie Mort:
nous sommes de douleur et nous sommes de solitude
IV
Toujours sont jaunes en l'air les draps immaculés
toujours est rouge son sexe de malheureuse vierge durant
l'année sans automne et moi vagabond à travers
ma propre Mort
les jambes distancées Octobria
se cambre se lève se débat
et se tait en moi là dans le champ où ont poussé
nos jours et nos nuits
le corps couleur du pain elle respire du feu et moi
je me ta is en elle pareil au pépin dans le fruit comme si
tout ce qui nous entoure était un utérus géant de copeaux
de soleil
nous restons dans une extrase continue et nous ne nous rendons pas compte
qu'entre nous il y a seulement l'écho avec lequel nous répond
le silence bleu des cieux alcooliques