POEME ROMÂNESTI ÎN LIMBI STRĂINE

Ioan Es. POP



mal au coeur

il est possible que ce ne soit pas même la fin, mais l’histoire et épuisée
plus qu’autrefois le cousin grégoire déambule par la cour
les mains au dos, il hoche la tête, dégoûté.
la récolte de maïs n’est pas son affaire, il a été trop de soleil
afin qu’il se mûrisse que jadis.

il serait mieux pour lui et pour les siens
qu’il aille chez le dentiste qui lui arrache
l’infecte dent qui le cogne contre le lit toute la nuit
mais de jour il oublie et la douleur l’abandonne
et, certes, ce n’est pas un geste par lequel on accueille la fin.

peut-être serait-il mieux qu’il rentre dans la maison
et qu’il gronde rudement à cause qu’il ne trouve pas la protèse,
mais là bourdonnent les enfants et la femme l’accable de gros mots.
ô non, non, s’il y revenait
il trouverait devant la porte de grands excréments
laissés par ceux d’avant lui
et qu’il ne pourrait laver
ni dans mille ans désormais.
il est possible que ce ne soit pas même la fin, mais l’histoire est épuisée.
ce ne sont pas les enfants qui comptent maintenant, le père non plus,
quoique celui-ci dise qu’on ne meurt après être mort,
mais grégoire qui attend à ce que l’histoire finisse
au moins d’un jour avant son décès,
afin qu’il se débarrasse de sa femme trop patiente,
du pope et des enfants trop petits.



***

la rue des Londres ne débouche plus à la rue de Paris comme autre-fois,
c’est ainsi dans le désert, le sable change toujours de frontières.
en quel paradigme aurions-nous vécu maintenant si les Européens
n’avaient pas imprimé le leur partout?
Dieu sarait-il encore mort? clamerions-nous la fin de l’histoire?
voyons: grégoire se promènerait-il en automne, les mains au dos,
sans autre avenir que son passé et celui d’une gent semblable à lui?

comment penserions-nous si avait vaincu
la civilisation noire et épaisse de l’afrique?
si une civilisation –autre – avait trouvé l’autre chemin?
serions-nous tombés sur autant de mort?
sur autant d’épouvante et sur autant de dégoût?

je ne sais pas, mais la peau blanche a des pensées noires
et grégoire ne faillit guère:
on ne récolte pas la maïs lorsque le temps tire à sa fin –
à partir d’un haut degrés d’écoeurement,
ainsi qu’à partir d’un haut degré de civilisation,
le destin ne présente plus d’intérêt.



***

une fois arrivé ici, le temps fait une boucle
et t’entoure avec grâce, au lieu des cavalcades et de
la course, la respiration coupée, jusqu’au bout de la rue
où ne t’attend que l’angoisse
que d’autres rues se veulent parcourues,
à leur lieu et à celui de toutes les choses
sans lesquelles on t’a dit que tu ne survivrais pas
vient maintenant cette boucle suave
et te dit: on a eu assez, trop assez,
les allées et les revenues pouvaient cesser depuis longtemps,
mais parce qu’il fallait que tu consommasses une certaine énergie,
seulement parce qu’il fallait que la consommasses,
je t’ai laissé gambader,
croire qu’il pourrait compter jamais
si tu perdais ou tu gagnais.

repose-toi, mais ne te fatigue pas
de t’agenouiller,
tu as adressé beaucoup de prières à Dieu,
si on a entendu, on a entendu,
sinon, jusqu’aujour’hui toutes les prières sont en vain.
tu vas apprendre que celui’ci est le bout,
bien qu’il ne soit pas le bout,
une boucle n’a pas de bout, en exceptant le fait que tu vas te
                débarrasser de maintes choses
avec espérance minime, ou même
sans espérance – quoique tu ne puisses pas porter un tel fardeau.

ici tu laisses tout ou presque tout.
après teqs efforts tu mérites ce repos,
au moins jusqu’à ce que je fasse un tour par tes ans
en tout néfastes,
par le petit moyen âge et par l’antiquité –
tu es le seul vivant entre eux tous.

il n’y a de cadeau plus grandiose que l’offre
en signe d’hommage pêle-mêle
sophocle et hérodote,
augustin et michelange,
napoléon et marx?

avec toi, le pus insignifiant des mortels,
je ferme triomphalement ce que j’avais à fermer –
imbécile, tu foules aux pieds les cadavres des grands du monde.
j’ai avancé jusqu’à toi pourvu que je te trouve vivant,
afin de te montrer combien de têtes couronnées tu peux détruire
et que c’est important le fait que tu es encore en vie,

mais pas pour faire davantage,
pas pour t’emparer des empires,
pas pour être aimé et compris,
mais seulement pour comprendre que la fin n’a pas
besoin de héros, mais d’imbéciles comme toi,
qui ne doivent pas au moins comprendre quelque chose
ou se rendre compris à leur tour.

ce qu’on nomme vie n’est pas préparé à durer
maintenant tu peux ouvrir  les yeux, on est totalement ailleurs,
moi – une simple boucle, toi – un simple homme.
vois, le temps a été si léger
et si légèrement il s’est fermé!

Traducere de Ion ROSIORU

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