Dumitru M. ION

Les routes de l’Eurythmie

A travers les chambres – bleues du Pays d’en Haut
Des armées angéliques soignent vers l’aube –
Elles lancent par la fenêtre du septième étage
Des rayons frais:
Dans leur son,
Parmi les baumes de petites tropettes
Et d’effrayées cymbales,

De l’écume blessée
De ma pensée te montres
Toi, Vénus Iudéoptérix,
Avec l’anémone- fleurie
Parmi des cuisses en fer.

Les lignes courbées de ta hanche
Sont beaucoup plus belles
Que les lignes droites
De la voie sans péchés
Qui montent vers le ciel.

On imagine un rythme sensuel:
Tes yeux – deux golfs
Où jouent les dauphins,
Ta bouche – le corail voluptueux
Qui m’appelle échouer:

On prend avec une main
Le lait chaud de la lumière,
Avec l’autre on rompe un morceau
De la levure d’un nuage,
On sasse du tambour,
Dans le rythme du destin,
La poussière de la farine –
On met ensemble et on mélange longuement
Avec  l’outil du pied,
Puis on met la pâte au fermentation
Et quand elle a poussé
Comme le tronc d’un enfant
On jette le vif levain
Dans la bouche du four.

Mais là, là sur le plat
On voit autre chose rissolant
À un feu apaisé
Comme celui du couchant
O, Vénus Iudéoptérix
Quel pain blanc on va manger tous les deux
Sur les voies de l’Eurythmie.

 

Sophrosyne

Je me trouve à la table avec les maîtres de la lumière
Et nous bavardons du pays –
Toutes les cartes sont démasquées:
Quel plaisir de comploter dans le grand jeûne
Comme dans la vieille forêt des jours fastes
Avec déliement pour le fruit défendu nommé
Sophrosyne.
Il y a , il y a une fraternité de croix
Entre mes plumes de scribe
Et leurs ailes
Comme de vieux manuscrits
Portés sur le dos et feuilletés par le vent –
C’est pour ça qu’il m’arrive
À lier plus fortement au papier
Le limbe du saint mot
Sophrosyne.

Près de ma hanche frétille
Le chien de l’epée –
Dans mon corps, lui seule, il préssente
Des traces prochaines de sang
Et des ossuaires de rayons.
Je le caresse et je l’admoneste; ses yeux,
Deux aubres grondées,
Clignent calmées quand elles chuchottent:
Sophrosyne.

Je me trouve à la table avec les maîtres de la lumière
Et on bavarde du pays –
Le prince régnant sera Dracula
Sur tous les trois trônes
L’éternel Héliand.
O, que de pain va se casser
Que de vin pour nous va couler
Au nom de la grâce de ce péché:
Sophrosyne.

Une poussière vespérale traverse les fenêtres –
Les maîtres de la lumière se lèvent soupirant
Au signe des cieux.
Battant sans vigueur
De leurs ailes fatiguées
Ils s’en vont de la table
Vers des contrées divines
On larmoie après dans la coquille de la chambre,
Ma perle:
Sophrosyne.

Derrière leur trace blême le visage
Du papier devient en lait.
Je reste bavarder toujours
Avec le Sphinx et les Vieilles Femmes.
A travers le mur

Un foudre se fraie passage dans le lit près de moi,
Il m’apporte l’arôme de la femme
Et du sentier qui me porte vivant
Vers Jérusalem,
Babylon,
Alexandrie,
Byzance.

J’entends des chuchotements pénétrant sous la porte –
Les mages frappent à la fenêtre, demandent de l’abri:
– Tu t’es muré plein d’ amour pour la vérité,
Ouvre, ouvre,
On t’apporte comme offrande
La lueur d’une source.

La peur embrasse ma bouche,
La langue du verrou se tait
Mordue d’un spasme
Rouillé depuis neuf mois,
Et la foudre se fraie place dans le lit près de moi
Et naît.

Je vois du sang pénétrant sous la porte.
L’enfant pleure dans le lit près de moi
Et son cri de corail
Me pique, me renvoie vers le mur
Et dans les murailles s’ouvre la voie
Qui me porte vivant
Vers Jérusalem,
Babylon,
Alexandrie,
Byzance.

 

Vivement

Tu gazouilles, toi, âme d’été,
Tu dis des choses bisarres
Et tous te regardent.
Pièges de rayons épient
Prendre tes pieds:
En quelle langue je doit t’annoncer
Pour comprendre mon geste gratuit
Comme une pure lueur de l’Innocence ?

Dans le ciel:
une volée de colchiques (sensation
de richesse)
nous tourne la tête.

Sur la terre:
le diamant fleurit
et l’anémone se congèle.

Dans l’âme:
un mur élevé (par la queue d’un paon)
nous éloigne du monde.

En pensée:
quelque chose que je n’ai plus vu –
l’arrière-garde heurte
du sang froid l’avangarde.

Sur le visage fatigué:
le baiser envié  (une chaleur
de tropiques )
perversait la vente de Soeur.

Dans la Voie Lactée:
toi, enfant, tu conduis par la main un vieux;
quelque chose qu’on apprend, comme la mort, vivement.

Le cri brûle sur mes lèvres chiffoné:
Tu le comprends beaucoup en avant
Pour que moi je l’entends.
On pourrait dire: je n’ai pas bougé
Aucun doigt
Et pourtant je suis content –
Mon cri probablement a été
Ce gazouillement passionné.

 

Traduction: Claudia PINTESCU



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