Nicolae IOANA

Comme une honte

Les cités germent sous la terre
et donnent d’autres cités,
les cités germent au monde,
les unes aveugles marchent sous la terre
et d’autres prient sans paroles.
On vient dans l’ombre de la cité et on pleure,
on voit des combattants rayonnant,
on marche au dessus des cités renversées
les combattants en murailles peinturés
et les fenêtres pas illuminées.
Les combattants se renversent des murailles,
leurs muscles s’écaillent et tombent
leurs lances dans l’eau qui coule sous la terre
frémissant les bois de sapins.
De l’angle d’une fenêtre, d’où
les yeux ont regardé, les mains se sont posées,
se renversent les mots araignées.
Les cités se rapprochent l’une de l’autre,
comme un frère d’un autre frère,
parmi les fougères, l’or prie pour les morts,
sa flamme vacille encor un temps;
vous avez préparé ma mort au marché,
je serai poignardé ou brûler sur le bûcher,
tandis que mon sang va couler
comme une honte au marché de la cité.

Les vaincus

Les vaincus reviennent, les cités les pourchassent
et ils courent en arrière vers leur fin,
mais le champ de lutte reste vide
et les vainqueurs sont encore assez loin.

Les vaincus descendent de leurs chevaux
les yeux à l’horizon ils attendent,
qu’il vienne un murmure seulement
sur la colline de la part des vainqueurs triomphants.

Hélas, les chevaux avec les regards vers la terre
En état de veille ne peuvent pas sommeiller,
Malheur, les chevaux frappés par les ténèbres
Le bl;ans des yeux vers l’automne renversés.

Les vaincus reviennent, les cités les pourchassent
et ils courent en arrière vers leur fin,
mais le champ de lutte reste vide
et les vainqueurs sont encore assez loin.

Sur les vainqueurs

Je me charge de lune et de temps,
je suis parmi les vainqueurs.

Dans mon rêve ils se sont réveillés
et tous ensembles m’ont haï.

Je reste parmi les vainqueurs,
et toi, parmi les vaincus.
O, si je n’arrangeais des cités,
o, si je n’étais seul.

Son grand tronc issu d’une femme
s’étendrait dans le monde sous les seins,
je resterais seul, tout seul je resterais.
J’ai passé sur la terre, je l’ai vue,
c’était une foule d’êtres dedans !

 

Tremblement

La cité est devenue folle aussi le gardien de la tour
restant toujours les yeux à l’horizon et attendant quelque chose
se balance la cité comme un vaisseau
les hommes grimpent les tours
et toment, o, comme ils tombent
dans les places publiques nus et muets et tout seuls;
les surplus sont jetés
par le tangage d’un coin à l’autre
la mort entre parmi les fissures
des pierres oubliées surgissent
et le vent continue.
Hélas j’ai le désir d’embrasser leurs lèvres
c’est la mort qui m’incite ou leur passage
je les appelle en sommeil comme j’appelle ma femme !
                                                          (cf. Moartea lui Socrate)
Traduction: Claudia PINTESCU

 

 


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