POEME ROMÂNESTI ÎN LIMBI STRAINE
Constantin FROSIN
LACUSTRE
Chez Bacovia,
Il pleut non seulement des cordes,
Mais aussi des pendus…
Il pleut de ces cordes, qui
Semblent être en quête de nos propres
Cous – de vrais gibets…
Ces colonnes d'eau qui tombent
Font de vraies forêts de pendus
Un peu partout…
CES (C)RIMES SANS RAISON
Le ciel s'écroule sous le fardeau des gros nuages,
Les campagnes deviennent de véritables piscines.
L'espace disparaît sous les flots, perd son âge.
Jusqu'au Temps devient atemporel, s'incline
Devant le Maître de cérémonie des pluies
Qui n'arrêtent plus de tomber, de nous cingler
Ames et visages, même pour péchés non commis
Pas même en songe, voire pour crimes non perpétrés.
Le soleil tente de percer, timidement :
Quelques rayons s'échappent, fugaces, de la prison
Des nuées impénétrables, hélas vainement…
Tout reste comme avant : confus et assoupi,
Les bues continuent d'accabler la création
L'horizon d'attente se perd dans l'infini…
M A I S…
Mais les nuages se retirent, le ciel s'éclaircit :
L'Inconsolé reprend du poil de la bête,
L'Obscur s'illumine et revient à la vie,
Le Veuf s'apprête à aller à sa propre fête…
Dieu s'éclaircit la voix et recrache notre voie,
Il y va de tout cœur – il y va des prêtres.
La foi n'en mène pas large, elle est aux abois –
Les ouailles aimeraient voir le Pope se démettre…
A force de mais , la Nature serait bien morte
A cause de la pollution et du sordide
De nos villes misérables, pourtant bien accortes…
La tête dans les orages, la foule hurle, furieuse :
Richesse et prospérité ? Faisons le vide !
Mais l'écho : C'est du bide ! Perplexe, malheureuse…
E T S I…
Il Desdichiado fit son choix : le suicide.
Il n'en peut mais de voir en peinture ce bide
Généralisé, qu'est notre vie toute entière.
Il résout : il n'y a pas de quoi être fier.
Il ne valait pas la corde pour être pendu,
Hélas, comme quoi il dut recourir aux balles.
La furie fit long feu, au vu et au su
De tout le monde. Dites donc, fit-il, ai-je la gale ?
Il décida de se passer par les armes
Pour être sûr d'en bien finir avec la vie.
Mais le gros sabre finit par lui faire du charme…
Mort ou vivant, cela se vaut. Ce n'est rien
Que de vouloir s'évader de l'infini.
Les sages prétendent qu'il suffit d'y mettre du sien…