Serban CODRIN
La ballade de la reine folâtre d’un royaum’ triangulaire
Toi, dans ta main, respectueuse comme
Les nonnes par rapport aux Ecritures,
Tu me la tiens, charmée de son allure,
L’embrasses et avales son parfum
Tandis que moi, parjure, à ton nombril
J’accroche un anneau, tâtonnant le péril;
Un peu plus bas, romantique poème,
Se rengorge on dirait incendiaire
Un bouquet criminel de chrysanthèmes,
Ma reine d’un royaum’ triangulaire!
Paresseux, dans le lit on se prélasse;
Tu vis l’écho de tant de lesbiennes,
Je t’adresse des prières obscènes
Et tous les deux jouons à pile ou face;
Celui de nous qui va perdre se tait
Et un quart d’heure endure le baiser;
Lorsque, sauvage, vers toi je me rue,
Le dé joué dévoile son mystère –
Je reconnais l’erreur, je suis vaincu,
Ma reine d’un royaum’ triangulaire!
A plat ventre, je me trempe le doigt
Dans l’encrier secret et parfumé
Et sur tes fesses j’écris des risées
Que la vieillesse s’empare de toi;
Tu sautes sur mon dos et tu m’étrille
Que j’aie des ecchymoses pour la vie.
Si tu me fâches, tu as le supplice
De me voir dépouiller de ton parterre
La plus folâtre boucle avec délice,
Ma reine d’un royaum’ triangulaire!
Au bout du compte, le tourment total
Trouve un remède et excite le mal –
On jette au diable le jeu et l’ascèse
Et tout d’un coup brûlants comme l’enfer
On répond au défi de la Genèse,
Ma reine d’un royaum’ triangulaire!
La ballade de la fougueuse étrangère dans le brave train de
nuit
Dans de train de Suceava-Bucarest
L’étais tout seul dans le compartiment
Crasseux si bien qu’on le déteste,
Seulement les guenilles le couvrant.
Insouciant passait de gare en gare
Le train flairant peut-être le printemps
Quand j’ai senti un mouvement bizarre,
Quelqu’un auprès de moi en s’asseyant;
Je sommeillais, je me blottis le corps
Pour faire place à l’autre frémissant
Dans cette nuit-là sans goutte d’aurore!
J’étais tassé par le parfum de sa
Boucle d’oreille et de son bas de fleurs
Lorsque le train suivait la même voie,
Son cliquetis étant sans nulle erreur.
Des rails ses roues sortaient des étincelles.
Elle palpait, avide, la sueur
Qui avait envahi mes deux aisselles;
Elle était une fine chappardeuse;
Je simulais un lourd sommeil de mort
Convenant à l’étrange visiteuse
Dans cette nuit-là sans goutte d’aurore!
Hardi, son annulaire farfouillait
Par l’écume des linges mon zizi;
Avem mollesse sur le canapé
Elle me renversa et lui, durci,
Savourait ses chichis, vivifiant,
Ses mamelons étaient comme les mûres
Et agressifs, par la blouse en passant,
Dans leur acharnement amer et dur
Afin que je leur suce et leur dévore
Le baume avare de cannelle pure
Dans cette nuit-là sans goutte d’aurore!
Le jour gardait secrètes les lueurs
Quand l’étrangère ramassa ses fleurs,
Après s’être habillée avec effort
Sur ses épaules fit tomber un châle
Et descendit dans une gare astrale
Dans cette nuit-là sans goutte d’aurore!
Traducere în francezã de Ion ROSIORU