Cezar BALTAG



 
 
 


un oiseau
avec tous les voles en lui-même

un hiver
avec toutes les chutes de neige dans un oeuf

une colline
avec tous les arbres dans un serpent

un homme
avec la chemise en rivière
éclairant


OEDIPE

Grand et sec et le dos encor droit
        à tâtons en marchant
Avec la main je serre autour de moi
        mes vêtements
Je viens du bout du monde je descends
        des temps qui passèrent
Ont pourri les automnes depuis que j’entends
        murmurer cette terre
les volcans de mes yeux sans éclat voient encore
        au-delà du brouillard
Mais un pont long, sans bouts, de ce bord
        lointain me sépare
Je vais sur ce pont et je vais
        et rien ne me sauve
On dirait que ma route déserte est
        serpent qui se love
J’affronte nu-pieds la poussière qui fait
        peur aux mortels et aux dieux
Gémissent les tilleuls et les vieux peupliers
        si je suis auprès d’eux
Jour et nuit je traverse les plaines
        les monts et les vaux
Et une fille par la main me mène
        du hameau en hameau
Mais voilà je commence à entendre des pas
        les Parques m’entourent
Cet instant mon enfant laisse-moi
        fais demi-tour
Au bout aveugle du sentier brûlant
        j’entends un jardin
Je veux y entrer de nouveau être enfant
        changer de destin.




Home