POEME ROMÂNESTI ÎN LIMBI STRĂINE

Gheorghe AZAP




LETTRE

Vois-tu cet oiseau frêle qui cherche ton adresse?
    Il va battre des ailes tout au-dessus du gouffre;
Malgré les espoirs pauvres, il veut que tu connaisses
    Le sort en tout hostile de ton ami qui souffre.

L’inquiétude acerbe me dîme les nouvelles
    Que je voudrais t’écrire lorqu’en moi s’insinuent;
Vois-tu cet oiseau frêle battant de saintes ailes
    Errant à la recherche de l’adresse inconnue?

Fais-tu encore, folâtre, de ta vie une fête?
    Ton bonheur et ta chance sont des cités sans fin?
Parfois, sous les étoiles, dis-moi si tu regrettes
    Qu’en ce qui nous concerne chacun ait son destin?

Dis-moi si, quand la lune tranquille et romantique
    Paraît dans les clairières des forêts de nuages,
Ton âme et ton corps portent une joie angélique
    Qui perpétue au monde ta belle et douce image.

Ou bien, contre des choses te cognes-tu, nocturne?
    Chiffonne ta tristesse l’arôme du sourire?
Enlèves-tu le masque d’un homme taciturne
    Lorsque tu le caresses, toi – lait, miel et zéphyr?

Dis-moi où tes pas sonnent, où ta bouche chante encore
    Ensemençant des arbres à l’émail translucide;
Si la nature t’offre des herbes bien sonores,
    Sur mes épaules poussent des tumulus de vide.

Je languis à l’attente d’une parole à toi
    Et d’un éther potable tout près de tes genoux;
Que la tempête en chasse pour toujours ses tétras
    Et que du ciel descende le plus soyeux froufrou!

J’aurais tant à t’écrire, adresse que je quête
    En imprimant un rythme de mer à mes paroles,
Mais sur la nuit muette le point du jour se jette
    Et cet oiseau tout frêle reste à jamais sans vol!

Traducere de Ion ROSIORU
 

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